Le pétrole chute au plus bas depuis plus d'un an

Par Vincent Collen, Paris, 23 novembre 2018

Le baril de Brent est passé sous la barre des 60 dollars vendredi après-midi, un recul de 30 % rapport au début du mois d'octobre. Donald Trump ne relâche pas la pression sur l'Arabie saoudite pour faire baisser les prix du pétrole. La chute des cours du pétrole s'accélère. Vendredi en fin d'après-midi, le baril de brent de la mer du Nord affichait un repli de plus de 6 %, passant sous la barre symbolique des 60 dollars pour la première fois depuis plus d'un an. Par rapport au pic atteint début octobre (à plus de 86 dollars), l'or noir a perdu 30 % de sa valeur.

La tendance est clairement baissière pour le brut depuis plusieurs semaines . Jeudi, l'Arabie saoudite a annoncé que sa production serait à nouveau en hausse en novembre après avoir atteint près de 11 millions de barils en octobre, un niveau proche de ses records. « La production augmente aussi dans tous les grands pays producteurs, en Russie, aux Etats-Unis, aux Emirats arabes unis », relève Olivier Lejeune, analyste à l'Agence internationale de l'énergie.

Réunion de l'Opep début décembre

Un autre facteur accentue la baisse : les sanctions américaines contre l'Iran sont plus légères que prévu, certains pays étant autorisés à continuer à importer du pétrole iranien. L'impact sur l'offre a donc été moins drastique qu'attendu. Face à cette chute, l'Opep réagit. L'Arabie a fait savoir, il y a deux semaines, qu'elle comptait réduire sa production de 500.000 barils en décembre pour tenter de stopper la dégringolade . Et laissé entendre que l'Opep dans son ensemble pourrait annoncer un million de barils en moins lors de la prochaine réunion du cartel à Vienne le 6 décembre. Mais ces déclarations n'ont pas eu d'impact durable sur les cours.

L'affaire Khashoggi complique la donne

Donald Trump continue à mettre la pression sur Riyad pour que les prix du pétrole poursuivent leur baisse. Certains experts estiment que l'Arabie aura du mal à s'opposer aux Etats-Unis, leur allié historique, alors que l'affaire Khashoggi complique sérieusement la donne pour la diplomatie du prince héritier Mohammed ben Salmane. Donald Trump a d'ailleurs évoqué les deux sujets - les prix du brut et l'affaire Khashoggi- dans une même déclaration. « Le marché fait le lien entre les deux dossiers et, logiquement, est en train de tester la capacité de l'Arabie et de l'Opep à réduire leur production », commentaient mercredi les analystes d'UBS. D'autres spécialistes ne partagent pas cette analyse. «Nous pensons que l'Arabie saoudite ne soutiendra plus la baisse des prix demandée par Trump et que la royaume cherchera à accroître son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis », estime ainsi Kpler.

Surproduction

Quoi qu'il en soit, cette offre abondante arrive sur le marché au moment où la demande américaine donne des signes de faiblesse. Les stocks de brut aux Etats-Unis ont augmenté pour la neuvième semaine consécutive. « Nous sommes désormais en situation de surproduction », explique Olivier Lejeune. Si l'Opep continuait à produire aux niveaux actuels, l'offre mondiale deviendrait excédentaire à hauteur de 2 millions de barils par jour au début de l'année prochaine, prévoit l'Agence internationale de l'énergie. «Il faudrait que l'Opep et ses alliés réduisent leur production d'environ 1,5 million de barils pour assurer des marchés stables l'an prochain », écrivent les analystes d'Energy Aspects.