L'OPEP fait rebondir le prix du baril de pétrole

Par Fabrice Nodé-Langlois, Paris, 14 avril 2017

Alors que le prix du baril de pétrole avait connu une rechute début mars, glissant de 55 dollars le baril à environ 50 dollars, il a rebondi de quelque 10 % depuis le 27 mars, pour se retrouver de nouveau proche de 56 dollars. Ce prix correspond à un palier que le brut avait atteint après l'accord des pays de l'Opep du 30 novembre dernier. Emmené par l'Arabie saoudite, le groupe des pays exportateurs, allié à d'autres pays pétroliers dont la Russie, s'était entendu pour limiter sa production afin de soutenir les cours, très fortement dépréciés depuis plus de deux ans.

La petite rechute de début mars a été provoquée, en partie, par une hausse de l'offre mondiale venue des États-Unis. Autour de 50-55 dollars le baril, les puits de pétrole de schiste américains sont redevenus rentables et l'activité de forage a repris de plus belle aux États-Unis depuis le début de l'année. Cet afflux de pétrole américain, ou son anticipation par les traders, avait fait baisser le baril.

Dans ce contexte, comment s'explique la remontée de ces derniers jours ? Certains analystes ont évoqué une composante géopolitique. Le bombardement d'une base aérienne en Syrie ordonné par Donald Trump a pu rendre les marchés nerveux. La Syrie est certes un producteur d'or noir marginal, mais le risque d'embrasement au Moyen-Orient était présent dans les esprits. Olivier Lejeune, analyste du marché pétrolier à l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ne privilégie pas cette explication.

Réunion le 25 mai

Une statistique a contribué cette semaine à la remontée du cours du baril : le niveau des stocks pétroliers dans le premier pays consommateur, les Etats-Unis. Les réserves de brut, mais aussi de carburants, historiquement élevées depuis des mois, ont baissé plus qu'attendu cette semaine. Ce mouvement est toutefois en partie saisonnier. L'été, où les Américains roulent davantage, approche.

Pour Olivier Lejeune, les prix ont davantage réagit à des informations selon lesquelles l'Arabie va soutenir une prolongation de six mois de l'accord sur la limitation de la production. Les treize Etats membres de l'Opep doivent se réunir le 25 mai à Vienne pour décider d'une poursuite de la politique de restriction au-delà du premier semestre. L'Arabie saoudite, le poids lourd de l'Opep et premier exportateur mondial, montre l'exemple. Elle a fourni plus que sa part de la réduction promise, en baissant sa production sous la barre des 10 millions de barils quotidiens.

A l'échelle mondiale, l'AIE s'attend à une baisse plus marquée des stocks au deuxième et troisième trimestres. Si l'Opep et ses alliés reconduisent leur limitation de la production et si la Russie reste arrimée à ce mouvement, le rééquilibrage entre l'offre et la demande attendu depuis trois ans par les pays pétroliers pourrait intervenir au milieu de l'année. Pour autant, la pénurie d'or noir devrait être limitée par le dynamisme de la production américaine.